enfance ....école....
Un jour , j'étais petit.
L'école ....Jules Ferry à Nanterre , surplombait sur une face , l'avenue du Mont Valérien , en direction de la place de la Boule , et .....lorsque nous quittions la salle de classe , pour aller en récré , il m'arriva plusieurs fois d'assister à d'étranges spectacles , de dressage d'animaux monstrueux , crachant de noires fumées , hurlant, et lançant parfois dés éclairs .
Il y avait surement un élévage par là.......
La première fois que je vis une telle scène , il faisait gris , l'avenue , bordée de maisons , entrecoupée de terrains en travaux , était dans un léger brouillard .Il me semble que j'étais en dehors de la salle de classe , pour diverses raisons , et j'eus du temps pour contempler un spectacle étrange , ou l'on apercevait un ou plusieurs dompteurs , ordonnant à un de ces animaux d'avancer , de reculer , d'aller soit à droite , soit à gauche, et l'animal hurlait en crachant de la fumée , lançant des éclairs...certains ressemblaient à de gros crocodiles.
D'autres fois , une sorte de girafe se présentait , elle aussi , puis repartait , son long cou oscillant lentement , puis de plus petites apparaissaient furtivement , se déplaçant plus vite.
Les fenètres fermées , la plupart du temps , ne permettaient que de percevoir de lointaines plaintes , mais ces plaintes devenaient de véritables rugissements lorsque , le temps l'exigeant , les fenètres se trouvaient ouvertes.
Le jeudi , jour des gosses , il m'arrivait de descendre de la maison , en direction de la place de la Boule , et d'être éffrayé , en passant au pied du mur de cette étrange réserve animalière , en entendant les aboyements du chien de garde , un chien immense , noir , qui ne cessait d'aboyer que lorsque j'étais bien plus loin .
Tout ceci réuni , faisait que je me faisais une idée très mystérieuse et effrayante de cet endroit .
Le temps passant , je m'habituais , tant à apercevoir ces animaux , d'une étrange couleur , certains d'un vert appuyé , vert Joséphine , d'autres , vert tilleul , les girafes rouges et grises , mais ce monstrueux chien m'impressionnait toujours .
Un jour , je changeai d'école , et ne vis plus ce spectacle de cirque , mon étonnement devant celui ci avait fait place à un sentiment amusé , l'éducation scolaire , les lectures avaient capté mon attention .
Puis un jour , au ciné du quartier , je revis certains de ces animaux , ces fumées , ces éclairs , je réentendis ces hurlements.....
Mes monstres étaient des engins de terrassement , des tombereaux , des scrapers , des grues .....au ciné , j'étais allé voir le film " L'eau vive " , jolie histoire , histoire humaine , drame humain , la construction , fin des années 50 , du barrage de Serre Ponçon , qui allait réguler les caprices de la Durance , favoriser les cultures locales et surtout répondre à une forte et ancienne demande en énérgie électrique.
Mes animaux étaient là ...des pelleteuses ...draguelines...tombereaux ....certains venaient vraiment de ce cirque Nanterrien ....
Je pris conscience de plusieurs choses alors , la vérité sur la nature de ces drôles d'animaux ....certaines vérités sur les rapports humains , sur les convoitises , l'amour ..bien que là....je ne pigeais pas tout , mais se mélangeaient les histoires que je lisais , les films , les copains et copines que je voyais , et de drôles de choses qui m'arrivaient...
Tournants de l'existence ,connaissances qui allaient se trouver grossies des éxpériences que j'allais connaitre lors de mes vacances landaises ....et plus tard encore.
Lorsque, en 1961, j'entrai dans la vie active , le hasard fit que mon premier emploi me mit au contact direct de ces monstres , de ces engins de travaux publics , terrassement , carrières , mines , et qui ,malgré la rudesse du travail qui m'attendait , gardèrent dans ma tète , ce caractère animal , moins mystérieux , mais qui restent encore , quarante six ans plus tard , mes bètes de cirque , mes rèves d'enfant .
Et , je retrouvai ce chien , vieillissant ,n'aboyant plus guère , devenu le jouet de certains imbéciles , certains adultes , brutes , se repaissaient des besoins sexuels de ce pauvre chien en fin de course.
On l'appelait " Allouah "